Interview de Alain Guillemaud, formateur chez Nicéphore

Quel est votre parcours  ?

Après le bac j’ai fait une formation professionnelle d’animateur socio-culturel avec une spécialisation photo et audiovisuelle. Après un passage rapide aux Beaux Arts (1 an), je passe un CAP de photographe en cours du soir, puis je trouve mon premier job dans une entreprise de prises de vues et laboratoire photographique. Dans cette entreprise, je fais du développement et tirage noir et blanc et de la prise de vue industrielle puis, à 25 ans, je prends un statut de travailleur indépendant et commence par offrir mes services à des grands studios de photographie publicitaire. Pendant de nombreuses années, je travaille principalement en studio pour la réalisation de catalogues (photos de produits, natures mortes, portraits…) puis je développe ma propre clientèle. Pour sortir du studio je me diversifie en réalisant aussi des reportages pour les entreprises. Durant ces 30 années de carrière photographique, j’ai abordé un grand nombre de sujets que ce soit en studio ou en extérieur en travaillant pour les agences de publicité, les entreprises, les artistes et architectes.

Depuis quelques années, parallèlement aux commandes, je travaille sur des projets artistiques réalisés avec des films instantanés pour l’édition et la réalisation d’expositions. J’anime aussi des ateliers techniques ou artistiques pour amateurs et professionnels. En 2002 je gagne le Grand Prix Polaroid International et le 1er prix européen dans la catégorie recherche personnelle, puis, en 2013, l ‘ANPA me décerne le 2ème prix du concours d’arts plastiques « The Art Day 3 ».

Comment définiriez-vous votre rôle auprès de vos étudiants ?

Tous les étudiants n’ont pas les mêmes ambitions, pour certains la photographie est seulement une passion et d’autres veulent en faire leur métier, mais je veille à ce que tout le monde réussisse dans son projet. Mon rôle est de leur donner tous les conseils techniques, mais comme la photographie est avant tout un métier artistique je les coache pour qu’ils aillent plus loin, qu’ils révèlent leurs talents et développent leur créativité . J’essaie aussi surtout de leur donner envie et qu’ils prennent du plaisir à faire des images.

Que vous apporte votre rôle de formateur ?

Après de nombreuses années à répondre à des commandes photographiques j’éprouve aujourd’hui beaucoup de plaisir à transmettre mon savoir et mon expérience. J’aime apporter aux étudiants tous les conseils personnalisés dont ils ont besoin et les accompagner dans leurs projets tant sur le plan artistique, technique que du savoir-faire professionnel. Et puis il y a souvent de belles surprises, certains élèves nous envoient de petites perles ou nous font voyager, d’autres font subitement un bond en avant après seulement quelques devoirs.

Quelles qualités sont essentielles selon vous pour exercer le métier de photographe ?

Il faut être curieux, passionné, perfectionniste et persévérant. Bien sûr il faut maitriser la technique mais il faut surtout être créatif et savoir sortir des sentiers battus. Il est important pour le photographe de se tenir au courant des dernières tendances et technologies, d’être polyvalent et de savoir communiquer.

Quelle expérience photographique vous a laissé un souvenir mémorable ?

Suite aux prix Polaroid, la société américaine m’a confié pendant quelques jours l’un des rares exemplaires de la grande chambre Polaroid 20X24 ( inch ) pour réaliser une série d’instantanés au format 50X60 cm. J’ai toujours aimé travailler à la chambre, alors pouvoir utiliser cet appareil légendaire fut une expérience inoubliable. Avec ce procédé analogique tout est démesuré, la résolution des films est stupéfiante, le procédé et l’utilisation sont magiques et chaque tirage est unique.

Pouvez-vous nous montrer une de vos commandes client ou un travail personnel et le commenter en quelques lignes ?

Tous les jours j’utilise la photo numérique pour mon travail professionnel, c’est l’outil idéal pour le monde d’aujourd’hui, rapide et précis. Mais aujourd’hui mon grand plaisir est de travailler en argentique et de retrouver cette matière analogique parfois imprévisible mais assurément plus complexe et sensorielle. Alors entre les commandes professionnelles, je sors mes boitiers Polaroid en quête d’émotion, à la recherche d’images pour compléter mes séries et tirages d’expositions.

Dans une époque où l’image tend de plus en plus à se dématérialiser, l’objet photographique « tirage » et les techniques alternatives retrouvent toute leur importance. Je conseille à mes élèves d’imprimer, de tirer ou de projeter leurs images car la diffusion des images ne doit pas se limiter uniquement aux réseaux sociaux.

Selon vous, quels sont les facteurs de réussite pour un étudiant qui entreprend une formation à distance ?

Pour réussir une formation à distance, l’organisation et la motivation sont les clés du succès. La souplesse que procurent les études à distance peut aussi être un piège avec la tentation de toujours remettre à plus tard la réalisation des devoirs et reportages. Il faut donc s’organiser pour fournir un travail régulier et surtout rester en contact avec son formateur : dès qu’un problème surgit ou qu’une question empêche un élève d’avancer dans son apprentissage, il ne doit pas hésiter à nous appeler. Mais l’apprentissage d’une discipline artistique, c’est aussi un style de vie, il faut se documenter, aller voir des expositions, travailler sur des projets personnels et se faire plaisir en réalisant des images.