Comment photographier en contre-jour ?

En matière de photographie, on place généralement les sources lumineuses sur les cotés ou au dessus du sujet (lumière zénithale) ou encore derrière le photographe.
Le contre-jour, quant à lui, est une source lumineuse (soleil, boîte à lumière, fenêtre) placée tout à fait en face du photographe et de son objectif et qui éclaire donc le sujet par derrière. Cette technique requiert de connaître quelques règles de base pour en tirer le meilleur parti, mais une fois assimilée, elle vous permettra d’obtenir des résultats vraiment différents : silhouettes noires découpées sur fond clair, cheveux illuminés et visage auréolé par l’arrière, ombres portées ou encore le fameux « flare » sur lequel nous reviendrons plus loin.

Choisir la bonne exposition

En contre-jour, l’image présente une plage dynamique importante, c’est à dire de grandes variations de nuances et de contrastes du plus foncé au plus clair. Dans ce cas précis il est impossible d’exposer correctement toutes les parties de l’image car les contrastes entre zones claires et zones sombres sont trop importants.
Aussi, lorsqu’on s’essaye à la photographie en contre-jour, le point le plus crucial est donc de choisir si on calcule l’exposition (=mesure de la lumière) pour les parties claires de l’image (donc le fond ou le ciel), ou pour les ombres (notre sujet placé devant cette lumière). Différentes possibilités s’offrent à vous pour définir quel type d’exposition choisir en fonction du résultat attendu.

Exposer pour les hautes lumières

Il s’agit de mesurer la lumière (et donc le choix du couple vitesse/diaphragme) sur les parties les plus claires de notre cadrage. Dans l’exemple ci-dessous il s’agit du ciel, qui sera donc correctement exposé, c’est à dire ni trop sombre, ni trop clair. Le sujet derrière lequel se trouve la lumière (ici l’enfant), sera quant à lui très sombre et peu détaillé voire complètement noir pour former une silhouette.

Exposer pour les ombres

Cette fois, on mesure la lumière pour exposer correctement notre sujet au premier plan, qui est dans la zone la plus sombre de notre image. Ainsi, nous aurons du détail sur le sujet principal (ici les murs et la montée d’escalier) en revanche les zones claires (ici la fenêtre) seront alors très surexposées, voire complètement blanches (on dit alors que les blancs sont « cramés »).

Mixer les 2 mesures

On peut aussi choisir de faire une moyenne des 2 mesures (on mesurera d’abord l’exposition pour les hautes lumières puis pour les ombres ou inversement et on règlera l’appareil et le couple vitesse/diaphragme pour obtenir des valeurs correspondant plus ou moins à une moyenne des deux). Le résultat donnera une impression de couleurs un peu passées, délavées, au style très 70’s qui peut être d’un très bel effet selon le sujet traité et l’atmosphère que l’on veut donner à la photo.

À noter

On peut également choisir d’exposer pour les hautes lumières (A) et de déboucher un peu notre sujet principal si on ne veut pas qu’il soit trop sombre. Deux possibilités pour cela :

  • Soit placer un réflecteur en face ou sur le coté de notre sujet (qui renverra donc un peu de lumière sur celui-ci),
  • Soit utiliser le flash de l’appareil comme lumière d’appoint, (c’est la technique du « fill-in »). Attention le « fill-in » n’est possible que si votre sujet n’est pas trop éloigné de votre appareil (ex: un portrait). En effet, la portée de votre flash est restreinte (3 mètres maxi pour les flash simples intégrés aux appareils, 15-20m pour un flash type Cobra qui se positionne sur la griffe porte-accessoires de votre appareil). En clair, ne comptez pas éclairer grâce à votre flash intégré l’arbre qui se trouve à 50 mètres devant vous !

Utilisation de la fusion HDR pour garder du détail dans les zones claires et/ou sombres

Cette technique consiste à effectuer 3 prises de vues parfaitement identiques du même sujet (l’utilisation d’un trépied est ici indispensable) à 3 expositions différentes (l’une légèrement sous-exposée, une autre correctement exposée et la dernière un peu sur-exposée). Il faut ensuite passer par un logiciel de retouche spécifique (cette option est également présente dans Photoshop) pour compiler les 3 images qui seront alors fusionnées pour donner le résultat final (pour simplifier, le logiciel garde le meilleur de chaque image pour en constituer une seule). Cela permet d’obtenir plus de détails dans les parties sombres et claires de l’image tandis que les valeurs intermédiaires sont correctement exposées.

À noter

Cette technique demandant une parfaite similarité des 3 images en terme de cadrage et des éléments qui la composent, il sera très difficile de l’utiliser pour du portrait (votre modèle risque d’avoir du mal à garder absolument la même pose et expression sur les 3 images), il faut donc préférer un sujet parfaitement statique comme un paysage ou un objet.

La photographie en contre jour et le « lens flare » ou « flare »

Un phénomène optique peut se produire lors de la réalisation de photos en contre-jour : il s’agit du « flare ». Ce terme désigne tout simplement les aberrations optiques produites sur l’image sous la forme de petits halos concentriques ou de traits. Le « flare » se produit lorsqu’un rayon de lumière vient frapper à l’intérieur de votre objectif les diverses lentilles qui le composent. Certains photographes veulent à tout prix l’éviter, considérant qu’une photo présentant un « flare » est ratée, d’autres au contraire choisiront délibérément de provoquer ce phénomène pour l’intégrer à l’ambiance de la photo (on retrouve de nombreuses photos avec du « flare » dans la photographie de mode en extérieur ou la photo de paysage).
Tout est affaire de choix et de sensibilité personnelle, mais bien placé, le « flare » peut produire de superbes effets, il faut essayer !

À noter

Pour éviter le « flare » si ce rendu vous déplait, pensez à investir dans un pare-soleil qui se vissera sur votre objectif et empêchera alors la plupart des rayons du soleil de venir frapper directement les lentilles de celui-ci. Si vous n’en possédez pas, il suffit de vous positionner dans l’ombre avec votre appareil au moment de prendre la photo, si les conditions et le lieu le permettent.