La beauté discrète des « basses lumières »

Nos élèves hésitent souvent à présenter une image qu’ils estiment «trop sombre» ou sous-exposée.
Et qui n’a pas jugé «impossible» l’idée de faire une image alors que la lumière se fait très discrète ?

Je peux comprendre cette crainte qui peut d’ailleurs être fondée si en effet, le sujet n’est pas du tout ou très mal éclairé. Toutefois, il ne faut pas négliger que dans ce type de situation il existe une nuance qui consiste à consciemment travailler dans la zone nommée «basses lumières».
Basses lumières ? Oui, par opposition aux «hautes lumières» qui sont les valeurs proches du blanc, les basses lumières sont les valeurs proches du noir. Réaliser une image en basses lumières consiste donc à prendre le parti de jouer avec le peu de lumière qui vous est donné.

Au résultat, dans le cas d’un portrait, le sujet sera majoritairement baigné par l’ombre qui l’environne et seule une lumière discrète viendra donner vie à un regard, à une épaule, à un profil.

Ce travail de la lumière ne doit pas laisser les valeurs proches du noir totalement remporter la partie. Toute la beauté d’un tel éclairage consiste à garder des détails dans les zones d’ombre. Quoi de plus beau que de deviner encore le grain de la peau ou la texture d’un tissu alors que celui-ci est plongé dans la presque obscurité. Si la majorité de ce travail délicat doit se faire à la prise de vue en étant très attentif à votre exposition et évidemment à votre éclairage, il reste qu’aujourd’hui, il est assez facile de retravailler les valeurs sombres d’une image en post-production pour en retirer toutes les nuances. Que cela ne vous fasse pas oublier que vous ne ferez pas d’une image réellement sous-exposée une belle image en basses lumières. La vie est encore présente dans une telle image, précisément pas la présence d’une touche de hautes lumières. Où quand une touche claire vient révéler la beauté discrète qui dormait dans l’ombre.