Interview de Laurent KOBI, auteur du cours et formateur chez Nicéphore
Quel est votre parcours ?
Après un stage dans un studio de photographie et pas mal de bobines de 24×36 plus tard, j’ai passé le concours d’entrée à l’école de photo de Vevey. J’en suis sorti en 1990. Pour réellement entrer dans le métier, j’ai été assistant pour Pierre-Michel Delessert, un excellent photographe qui m’a appris la rigueur et qui m’a permis de croire en moi. Puis j’ai eu la chance de passer quelques mois à Paris, comme assistant de Dominique Issermann. J’en garde des souvenirs incroyables comme une couverture de Vogue avec Adjani ou un portrait de Grégory Peck et sa fille Cécilia dans une suite du Ritz, place Vendôme. C’était « la belle époque » de l’argentique ! Encore quelques expériences inoubliables comme assistant du magnifique photographe Christian Coigny et je me suis lancé à mon compte en 1992 à Genève. J’ai longtemps été un passionné de la technique, de la chambre 4×5 et de la nature morte. Aujourd’hui, c’est l’humain qui occupe le plus souvent le centre de mes images et j’ai aussi un immense plaisir à travailler la couleur.
Comment définiriez-vous votre rôle auprès de vos élèves ?
En tant qu’auteur du cours et formateur, je me sens pleinement responsable de la réussite et de la motivation des élèves. Je suis très conscient que chacun arrive dans le cours avec son propre niveau. Je suis attentif à adapter autant que possible mes attentes en fonction des buts de chaque élève. C’est là une des valeurs ajoutées d’un cours à distance : être souple, à l’écoute, motivant, ce qui ne m’empêche pas d’être « dur » dans les corrections lorsqu’il le faut. Les élèves attendent que les formateurs soient honnêtes et ça ne serait pas leur rendre service que de leur faire croire « que tout va bien » quand ça n’est pas le cas. J’essaie aussi le plus souvent possible de simplifier un maximum les choses, de les rendre accessibles afin que mes élèves puissent se sentir progresser.
Que vous apporte votre rôle de formateur ?
Juste une immense satisfaction. C’est un vrai plaisir d’entendre des élèves dirent que le cours est cool et qu’ils y trouvent ce qu’ils y cherchaient. Ma plus grande récompense est de voir des belles images réalisées par nos élèves et de savoir que parmi eux il y en a qui sans aucun doute pourront vivre de la photographie.
Quelles qualités sont essentielles selon vous pour exercer le métier de photographe ?
Comme pour beaucoup d’autres choses, je pense que le plus important est de croire en soi. Un autre point est de suivre une ligne : si vous aimez le portait, alors foncez ! Faits-en, encore et encore. Cherchez ! Imitez ! Osez ! Plantez-vous, mais ne restez pas là à regarder les images des autres sur Instragram. Ce ne sont pas les « like » qui font les bons photographes, mais le travail inlassable et la recherche de la simplicité, encore et encore. C’est une discipline qui demande une grande rigueur. Tous les professionnels que j’admire ou qui m’ont appris le métier sont des perfectionnistes. Il n’y a pas de petits détails en photographie.
Quelle expérience photographique vous a laissé un souvenir mémorable ?
Ce sont toujours des rencontres. La première a été avec la photographe Bettina Rheims en 1987 à Paris. J’étais à l’école de photo et je tentais de récréer sa lumière, d’imiter ses portraits. Avec un ami, nous sommes montés à Paris pour la rencontrer et nous avons pu la voir dans son appartement avec notre modeste book sous le bras… je crois que j’étais super intimidé… et je le serais encore ☺. Un de ses livres avec sa dédicace… « À un futur collègue »… est en bonne place dans ma bibliothèque photo. Rencontrer des « stars » de la photo permet de démystifier et de se dire « Oui, moi aussi je peux faire ce que j’aime ! ».
Pouvez-vous nous montrer une de vos commandes client ou un travail personnel et le commenter en quelques lignes ?
Quelques images récentes, à titre privé, lors d’un voyage à New York. Ces dernières années, j’ai pris de plus en plus conscience de la couleur. Essayer de la percevoir, de l’isoler, de lui permettre de s’exprimer. En triant mes images, j’ai remarqué comme une omniprésence du jaune, par petite touche ou plus, mais New York semble toujours comporter un peu de jaune à chaque coin de rue, à l’image de ses célèbres taxis…Ces images sont toutes réalisées au 50mm, mon meilleur ami, définitivement.
Selon vous, quels sont les facteurs de réussite pour un élève qui entreprend une formation à distance ?
Je conseille vraiment à mes élèves de garder le contact avec leur formateur, quoi qu’il arrive ! Ils ont la possibilité d’avoir des échanges téléphoniques réguliers avec les formateurs, cela fait partie du cours. Ces moments permettent de préparer les futurs travaux, de commenter les travaux déjà réalisés et aussi de créer un lien qui va au-delà du simple côté « scolaire » du cours et qui permet de ne pas s’isoler face à d’éventuelles difficultés. Un autre point touche à la culture de l’image. Une majorité d’élèves entre dans le cours avec peu de connaissances des photographes passés ou actuels. Je parle ici des « classiques » comme Cartier-Bresson, Doisneau, Adams ou Avedon, Newton et Irving Penn dans un autre registre. Cette lacune est à combler rapidement dès le début du cours et permet toujours une meilleure progression de l’élève. Nous encourageons toujours les élèves à se rendre à des expositions et à écumer les librairies au rayon photographie. Apprendre la photographie passe aussi par l’étape qui consiste à « manger des images », les images des grands, ceux qui ont établi les règles, ceux qui ont forgé des styles qui influencent encore les photographes contemporains.