Interview de Lydia étudiante en filière photographie professionnelle

Lydia est étudiante en filière professionnelle chez Nicéphore. Il y a quelques mois, elle a décidé de profiter du fait que notre enseignement se déroule à distance, pour prendre la route, à bord de son camion aménagé. Une façon de marier ses passions pour le voyage et la photographie, elle nous raconte ce projet dans cette interview !

Avant de parler voyage et photographie, pouvez-vous nous expliquer votre parcours initial ?
J’ai fait des études à l’université en sciences sociales, puis j’ai poursuivi avec un Master en migration et citoyenneté. Je travaille dans le social, j’ai par exemple eu un poste dans une permanence juridique et sociale et donné des cours auprès de personnes migrantes dans une structure associative. Je ne sais si le fait d’avoir une double nationalité (brésilienne et suisse) y est pour quelque chose, mais j’aime les rencontres, les voyages, le rapport humain, la découverte ! J’ai d’ailleurs beaucoup voyagé à titre personnel : au Brésil, en Inde, à Cuba et au Maroc. J’aime partir vers l’inconnu, la découverte et les gens ! Tous ces voyages ont été enrichissants mais je les trouvais courts, on a à peine eu le temps de découvrir le pays qu’on doit déjà partir. Je ressentais à chaque fois une forme de frustration, comme si je n’avais pas pu creuser et aller au bout de la découverte.

Pourquoi avez-vous décidé de suivre une formation chez Nicéphore ?
J’étais installée à Zurich à ce moment-là, à une période où je n’avais plus envie de donner de cours, je voulais changer de domaine et aller vers quelque chose de plus créatif. Le choix de la photographie n’est pas un hasard, elle a ponctué des moments de ma vie. Dans le passé, j’ai pris des cours de photographie, à l’époque de l’argentique. Quelques années plus tard, j’ai partagé des projets avec une amie qui faisait des photos de concert, qui m’emmenait faire des photos avec elle. Ça a nourri mon goût pour l’image, on parlait souvent elle et moi de donner des cours dans des ateliers photos. Puis j’ai ressenti le besoin de me former de manière plus sérieuse, j’ai choisi alors de m’inscrire chez Nicéphore il y a un peu plus de 2 ans. Cependant, peu de temps après mon inscription, j’ai obtenu un nouveau poste qui est venu mettre ma formation en stand-by. J’étais « maîtresse d’atelier créatif », toujours dans le domaine social, j’y accompagnais un public divers autour de plusieurs disciplines : bois, sculpture, pyrogravure, dessin. Le but était de leur permettre de socialiser, à travers une pratique artistique et dans un environnement bienveillant. À travers ce poste, j’ai pu tester mon besoin de créativité dans un cadre spontané et libre mais je sentais que j’avais besoin d’autre chose.

Extrait du Travail 19 sur les silhouettes en contre-jour ©Lydia Evequoz

Comment est né votre projet de voyage itinérant pour suivre la formation?
Un peu comme les pièces d’un puzzle qui s’assemblent ! En janvier, j’avais changé ma voiture pour un véhicule à aménager, au départ dans le but de pouvoir partir les week-end ou pour quelques semaines. En juin 2021, j’ai démissionné sans idée précise de ce que j’allais faire ensuite. Après un week-end passé avec des amis d’enfance à échanger sur le sujet, j’ai pris conscience que j’avais besoin de prendre des risques, de partir vers l’inconnu. Pour moi, le seul vrai risque à ce moment-là, aurait été de rester. Une semaine plus tard, j’ai rencontré l’amie d’un ami qui faisait elle aussi la formation Nicéphore et était à un stade plus avancé que moi dans la formation. Cette rencontre a fait ressurgir mon envie de me consacrer à cette formation que j’avais dû mettre de côté pour des raisons professionnelles. À ce stade, on en était en juillet et mon envie de voyage s’imposait. L’idée de combiner ces deux choses qui m’animent, le voyage et la photographie, avait fait son chemin : j’avais envie d’être sur les routes et de prendre des photos !

Avez-vous un itinéraire de voyage défini ?
Le seul “point de départ” de mon voyage était que je voulais profiter de l’océan qui me manquait. J’ai commencé à me renseigner sur des villages éco-responsables ou d’autres manières de vivre différemment. J’effectuais alors mes recherches autour de l’Espagne et du Portugal, afin de démarrer mon voyage sous un climat doux, puisqu’on était déjà en automne. À partir de là, ce sont des rencontres qui ont ponctué mes choix de voyage et donc mon itinéraire, le fait de rester dans un endroit plus longtemps que prévu ou de reprendre la route. J’ai quelques idées en tête bien sûr comme prendre le bateau pour Tenerife ou descendre jusqu’au Cap Vert mais je n’ai pas envie de trop programmer, je préfère que ça reste spontané.

Quelles rencontres intéressantes avez-vous faites jusqu’ici ?
J’ai rencontré un photographe espagnol avec lequel je fais régulièrement des sorties photos, j’apprends donc aussi à ses côtés car il a 30 ans de carrière et peut me transmettre beaucoup de choses. Je me promène tout le temps avec mon appareil, que ce soit à pied ou dans le bus, mais partager avec d’autres photographes est très enrichissant. J’ai d’ailleurs rencontré une autre photographe en Janvier dernier, Jeanne, qui est suisse mais installée en Espagne. Elle m’a accueillie chez elle et je vais y rester quelque temps, car je m’aperçois que pour réaliser sérieusement les travaux de la formation, j’ai quand même besoin de me poser quelque part. Être sur la route est fatiguant et stressant, il est également difficile de gérer l’absence de connexion internet ou le fait de ne pas avoir d’électricité le soir pour brancher un ordinateur. De plus, Jeanne possède une grande bibliothèque remplie de livres de photographie, un rêve !

Extrait du Travail 11 sur la rencontre urbaine ©Lydia Evequoz

Quels travaux de la formation avez-vous réalisés lors de votre road trip ?
Pour le travail 9 par exemple, je suis allée faire mes portraits sur des travailleurs Marocains qui sont employés dans des serres, dans cette région d’Espagne aussi connue comme la “mer de plastique”. Mon travail 11 sur les rencontres urbaines, a été réalisé à Alméria en Andalousie. Je peux aussi citer le travail 13 sur le sténopé, que j’ai fait à Las Negras, un village situé dans un parc naturel, comportant des bâtiments très graphiques, rouges et blancs. J’expérimente en prenant mon temps pour choisir sur quel sujet je vais réaliser tel ou tel travail, au gré des rencontres et découvertes. J’avance ainsi en m’amusant !

Extrait du Travail 9 , réalisé sur des travailleurs marocains ©Lydia Evequoz

Avez-vous rencontré des difficultés particulières au cours du voyage ?
Pas vraiment, en tout cas, absolument rien de grave pour l’instant ! J’ai bien été confrontée à une crevaison sur l’autoroute vers Valence, mais une fois le moment de panique passé, j’ai réussi à retrouver mon calme et prendre de la distance. J’ai alors sorti mon carnet de voyage, car je dessine aussi, et j’ai profité du temps à attendre la dépanneuse pour “croquer” la scène : il y avait des plumes vertes éparpillées au sol autour de moi, c’était très beau, j’en ai fait un croquis.

Avez-vous d’autres projets à nous confier ?
Je commence une autre formation à distance sur le thème du journal créatif, un thème qui me tient à coeur puisque je dessine et réalise mes carnets de voyage.

Un mot pour la fin ?
C’est grâce à la formation Nicéphore que je suis là, ce projet de formation donne un sens supplémentaire à mon voyage. Suivre une formation est déjà un voyage en soi alors la réaliser en étant sur la route…! Le fait que la formation se déroule à distance me permet aussi de tirer parti de ce concept à fond, cela demande par contre beaucoup d’autodiscipline, mais ça en vaut définitivementla peine.

Lydia travaillant sur son carnet de voyage, par ©Jeanne Chevalier

Carnet de voyage de Lydia

À gauche, les plumes vertes et l’illustration réalisée en attendant la dépanneuse