Interview de Magali : Diplômée Nicéphore elle exerce comme photothérapeute !

Magali Privat par ©Melissa Portraits

Depuis quand exercez-vous en tant que photographe et thérapeuthe indépendante ? Comment est né ce projet ?
J’ai suivi les cours de l’école Nicéphore en 2018-2019 et je me suis tout de suite lancée en auto-entrepreneur en 2019. Au départ, j’étais plutôt photographe de grands évènements de la vie comme la grossesse, les naissances et les mariages mais c’est le portrait que je préférais le plus… et puis un jour, j’ai été contactée par un psychologue qui m’a demandé si je pouvais faire un portrait pour une de ses patiente qui terminait sa thérapie. Son estime d’elle-même était grandement altérée suite à des violences subies et il pensait que « se voir autrement » pouvait l’aider. Cette rencontre fut le point de départ du virage artistique que j’entamais à ce moment-là.

Pouvez-vous nous raconter comment se décompose cette double-activité et en quoi consiste votre travail ?
Je suis photographe thérapeutique ou photothérapeute. C’est effectivement une double casquette ! J’utilise des outils dont fait partie la photographie pour aider les femmes à retrouver l’estime d’elles-mêmes. Lorsque je rencontre pour la première fois une cliente, nous échangeons un long moment sur son passé et sur tous les détails de sa vie qui ont pu l’amener à ne pas s’accepter ou à rejeter son corps. Il faut donc déterminer sa problématique, c’est indispensable pour démarrer le travail. Par exemple : « Je me compare toujours aux autres physiquement » ou « Je ne suis pas à la hauteur des hommes que je rencontre » ou encore « Je ne supporte pas mon corps, je me déteste ». 

Puis, il y a un vrai travail thérapeutique qui nécessite en amont plusieurs formations. Mon but est d’arriver à faire comprendre à chacune de ces femmes, que le problème ne vient pas de leur corps mais de ce qu’elles ont vécu par le passé. Pour cela, j’utilise des techniques comme la visualisation émotionnelle, le soin énergétique, le passage devant le miroir et enfin…la photographie ! C’est la dernière étape car il faut que la cliente soit complètement à l’aise et alignée avec elle-même mais c’est aussi pour ces femmes, l’étape la plus attendue ! Il m’arrive aussi de ne faire que la séance photo sans passer par la thérapie complète, juste parce qu’une femme a besoin d’un coup de boost d’estime d’elle-même, parce qu’elle a besoin de se sentir sublimée ou de tenter l’expérience.

Je terminerai en rappelant 2 choses :

– Une séance photo ne remplacera jamais une prise en charge médicale, c’est important de consulter avant même d’appeler un photographe thérapeute. 

– Ces shootings ne sont pas des séances photos boudoir classiques., d’ailleurs, certaines femmes ne se déshabillent pas. Ces femmes ont souvent subi des choses compliquées dans la vie et ont besoin d’un accompagnement émotionnel à ne pas prendre à la légère. 

©Magali Privat

Qui sont vos clientes ? Pourquoi font-elles appel à vos services ?
Les raisons qui poussent ces femmes à venir me voir sont très différentes. Je peux être contactée pour une seule séance photo, par une cliente qui a besoin de se sentir belle et sublimée l’espace d’un instant, une personne dont les complexes sont grands et qui aurait envie de se retrouver en tant que femme. Et puis il y a celles qui ont perdu leur confiance en elles à cause d’évènements traumatisants : violences conjugales, agressions sexuelles, humiliation à répétition, abandon, accident. Dans ces cas-là, une simple photo n’est pas suffisante, l’appareil n’est pas une baguette magique et la prise en charge est indispensable.

La maladie, le handicap ou les troubles du comportement sont aussi des raisons pour faire appel à un photothérapeute. J’ai rencontré des femmes touchées par le cancer qui avaient du mal à accepter leur corps qui changeait (perte de poids, chute de cheveux…). Pour ce qui est des troubles du comportement alimentaire, je me rappelle d’une jeune femme qui est venue au studio la veille de son entrée à l’hôpital, elle était victime d’anorexie et désirait immortaliser ce moment comme étant le premier jour de sa renaissance. La photographie permet de se confronter à son image, à ce qu’on est vraiment, il n’y a pas de filtre… elle peut jouer le rôle d’un électrochoc et peut devenir salvateur. 

©Magali Privat

Qu’est-ce qui vous plaît dans votre métier de photographe et thérapeute ?
L’Humain d’abord et puis, le fait que la photographie soit un révélateur d’émotions! À l’aube de mes 40 ans, j’ai eu l’envie et même le besoin de mettre mes compétences au service de l’autre, de donner un sens à ce que je faisais. J’ai toujours aimé la photographie, c’est « le miroir des émotions »… Tendez une photo à quelqu’un qui date d’il y a 20 ans et voyez l’émotion qui émane de cette personne ! Positive ou négative, il y aura toujours une réaction. 

Pour la photographie thérapeutique, c’est un peu différent. Je suis profondément touchée par la Femme et par la dimension féminine (je ne parle absolument pas de féminisme ici). Le rapport au corps et à l’estime de soi est un sujet qui résonne fort chez moi. Je me sens proche de toutes ces femmes qui viennent me voir, c’est aussi dû à mon histoire personnelle. Je les comprends, je ressens ce qu’elles traversent et je sais que je peux être une béquille pour un court moment dans leur vie. 

©Magali Privat

Quels sont vos projets en cours ou à venir dans la photographie ?
Aujourd’hui, je travaille sur Pibrac dans la périphérie toulousaine. J’ai un studio et une salle de soin où je reçois les femmes. Je travaille aussi avec l’Hôpital de Toulouse, le CHU de Purpan, dans le service hématologie/oncologie maladies longues durées, auprès de patientes qui voient leur corps changer à cause de la maladie. Je co-organise actuellement des séjours de reconnexion au corps qui verront le jour courant 2026, la photothérapie prendra une belle place lors de ces retraites dédiées aux femmes. Vous pouvez d’ailleurs retrouver tous les détails de mes accompagnements sur mon site internet !

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