Interview de Marianne, étudiante diplômée Nicéphore !

Marianne  Claret s’est formée à la photographie dans notre école en parallèle de ses activités d’enseignante et auteur. Elle a décroché son diplôme chez Nicéphore et partage dans cette interview son parcours de formation et les mandats photo auxquels elle répond aujourd’hui.

Quel est votre parcours initial  ?
J’ai suivi un cursus universitaire qui m’a amenée à l’enseignement, dans le public d’abord, puis dans le privé, auprès de jeunes placés en foyer. Il s’agit d’une aventure humaine avant tout, où j’ai le sentiment d’être au contact de la vie, avec des élèves qui ont grandi très vite, dans des contextes souvent complexes. À côté de cette profession, je m’adonne de temps en temps à l’écriture. Mon dernier livre, Dans les yeux de Shanna, vient d’ailleurs d’être publié par les Editions de l’Aire à Vevey. De façon générale, la pâte humaine m’intéresse. On est tous des passeurs de quelque chose qui nous dépasse, un maillon dans une chaîne.

Pourquoi avez-vous décidé de suivre une formation à distance en photographie chez Nicéphore ?
Lorsque j’étais à l’université de Genève, j’ai eu l’intuition et l’envie de tout quitter pour me diriger vers l’école de photographie de Vevey. Une prof incroyable, Mireille Cifali, a su me retenir dans le monde académique. Une vingtaine d’années plus tard, je me suis dit que j’avais oublié un rêve en chemin et qu’à 50 ans il était temps d’aller faire un détour du côté de la photographie. Comme je travaillais à 90%, j’ai été ravie de voir qu’une formation à distance existait. Je me suis lancée.

De quelle façon organisiez-vous votre travail à distance ?
Pour optimiser mon temps, j’avais toujours deux ou trois travaux dans un coin de mon esprit et j’ai profité de chaque sortie pour faire des essais, trouver des idées. J’y suis allée de façon très intuitive, instinctive, sans me prendre la tête. Un peu comme un jeu. Mais un jeu construit. J’ai lu et relu les classeurs, j’avais les consignes en tête et les yeux grand ouverts. J’ai commencé à penser photo, respirer photo, jusqu’à ce que ça s’incarne gentiment. Je me suis surprise à appréhender les gens, le monde, comme des tableaux, à rechercher des ambiances. La photo a peu à peu pris possession de moi. Mon formateur, Laurent Kobi, a contribué à me rendre sensible aux atmosphères. Je l’appelais après chaque travail pour avoir son retour et des conseils pour le suivant. J’ai intégré toutes les remarques, toutes les critiques. J’avais tout à apprendre.

Quels travaux des classeurs vous ont particulièrement plu ?
Je me suis vite rendu compte que j’appréciais la photo de rue. En mode « canaille ». Sans doute qu’il m’était plus facile de « voler » une scène que de vraiment aller à la rencontre de quelqu’un. J’ai aimé le travail sur les contre-jours, par exemple. Puis, j’ai appris à aller frapper aux portes, ce qui n’était pas vraiment naturel, dans mon cas. Cette démarche a contribué à changer ma relation aux autres, m’a permis de dépasser certaines appréhensions. Cadeau précieux, inattendu ! Aujourd’hui, j’aime prendre le temps de découvrir les gens, de voir au-delà des apparences. Je suis touchée quand on me dit que j’ai capté quelque chose de « l’âme de la personne ».

Extrait du Travail N°19 sur le contre-jour dans la rue ©Marianne Claret

Quel était le sujet de votre travail de diplôme Nicéphore et quels enseignements avez-vous tiré de la soutenance devant jury ?
J’ai grandi à la montagne, j’aime la nature, je suis sportive et femme de guide. Le sujet s’est imposé comme une évidence. J’ai voulu présenter une activité de plein air sous l’angle du partage. À travers le canyoning, les gens vivent une jolie expérience initiatique grâce à un guide. Ils en ressortent souvent plus soudés. J’avais à coeur de montrer qu’au-delà de la performance sportive, le canyoning permet le partage d’émotions, de rires, de peurs, et qu’au final le dépassement crée les conditions d’une rencontre. J’ai vécu la soutenance également comme un partage. En exposant mon travail, je n’ai pas eu le sentiment de passer un examen, mais plutôt de faire découvrir une activité. J’ai ressenti beaucoup de bienveillance de la part des personnes présentes dans le jury. Une grande sensibilité aussi !

Extrait du travail de diplôme de Marianne ©Marianne Claret

Que vous a apporté notre formation  ?
Comme je débutais, cette formation a ouvert une porte. J’ai pu découvrir les aspects techniques sans que ceux-ci ne soient déterminants au départ. J’ai surtout appris à mieux regarder. Je dirais que cette formation m’a donné faim et, quand j’ai eu mon diplôme en poche, j’ai ressenti le besoin de me plonger encore davantage dans l’univers d’autres photographes, d’essayer de nouvelles choses. Il me semble que la confiance vient avec l’expérience et cette formation a posé les premières pierres

Vous êtes aujourd’hui diplômée et travaillez en tant que photographe, pouvez-vous nous en dire plus ?
Jusqu’à présent, j’ai principalement eu l’occasion de répondre à des demandes de portraits à l’extérieur, mais également en studio : portraits individuels pour des particuliers, des sponsors, des journaux et magazines, mais aussi des photos de couples et de famille. J’ai fait du Lifestyle aussi et j’ai accepté quelques mariages. Je crois que j’ai besoin de ce contact avec l’humain. Actuellement, j’ai envie de concilier les activités qui sont les miennes (photo, écriture, enseignement), tout en privilégiant la création, parce que je m’y épanouis. Par rapport à la photo, ça signifie que je vais continuer à apprendre, à expérimenter (raison pour laquelle j’ai actuellement un petit studio), avec la perspective de développer des projets personnels et de répondre à des mandats. Je vis cette situation comme un privilège, même si j’ai conscience que pour s’améliorer de façon significative dans un domaine il faut s’y consacrer corps et âme…

Pouvez-vous partager avec nous et commenter des images de vos commandes client  ou projets personnels?
Le mandat le plus complet auquel j’ai répondu favorablement venait d’une entreprise qui se lançait dans un projet novateur de construction avec du bois et qui avait besoin pour sa promotion d’images très différentes : portraits individuels des huit cadres de l’entreprise, portrait de groupe, reportage dans la scierie, dans la menuiserie, dans la charpente, de bûcheronnage, images d’architecture, images de textures et également de paysage. J’ai adoré cette diversité !

©Marianne Claret

J’ai un projet en cours qui consiste à faire découvrir la photographie de studio à des élèves qui en ont envie, de façon à vivre avec eux un moment différent, hors du temps. Avec le souci de les mettre en valeur, de produire des images dans lesquelles ils se révèlent. J’essaie de faire ressortir une qualité que je ressens chez eux. Cette aventure nous permet par ailleurs de vivre une autre expérience que celle des bancs d’école. Les parents aussi sont contents !

©Marianne Claret

Voilà une image issue d’une autre série personnelle dans laquelle je souhaitais marier l’humain et la nature, montrer une forme d’osmose. La nature habille en quelque sorte la personne, les éléments sont comme une seconde peau. Ce projet s’inscrit dans une collaboration. Le modèle (qui fait du mannequinat) voulait des images authentiques qui lui permettent de construire « une identité visuelle » correspondant à ses valeurs.

©Marianne Claret

Un mot pour les futurs étudiants qui hésiteraient à se lancer dans notre formation à distance en photographie  ?
Je leur dirais que c’est une formidable opportunité de se former sans être astreint à des horaires fixes, et qu’il est possible de concilier une vie de famille, une profession avec cette formation, à condition de le vouloir vraiment. Il faut savoir organiser son temps et se forger une discipline. Je leur dirais surtout que cette formation contribue à aiguiser le regard et qu’il n’est pas nécessaire de vouloir devenir photographe professionnel pour s’y intéresser. La filière « passion » existe aussi chez Nicéphore. La motivation reste cependant le maître-mot.

Mon site : https://marianneclaret.com
Instagram : @jeannecla22