Des étudiants engagés : l’écologie au cœur de leurs travaux de diplômes !

Les étudiants en filière professionnelle chez Nicéphore ponctuent leur parcours de formation par la présentation d’un travail final devant jury, qui porte sur un sujet de leur choix. Ce travail de diplôme est l’occasion pour nos étudiants de partager en images une thématique personnelle, qui les interpelle. Hélène Villet et Lydia Evéquoz, aujourd’hui diplômées de notre école, ont toutes deux choisi de présenter un travail qui porte sur l’écologie. Elles partagent leurs images, nous racontent comment est né leur sujet et pourquoi il leur tient à coeur.

Hélène Villet – Les déchets qui nous entourent au quotidien

« Je cherchais un sujet de diplôme depuis plusieurs semaines et mon choix s’était porté dans un premier temps sur l’exploitation de la mer par les êtres humains, pour la pêche, le transport, l’énergie et les loisirs. Et puis un jour, en marchant dans Paris, j’ai remarqué un sac plastique qui dansait sur la route. Il avançait au gré du vent et des voitures qui le soulevaient et l’envoyaient plus loin. J’ai repensé à mon sujet sur la mer et au fait que ce sac plastique allait avoir un trajet erratique pendant des heures, voire des jours, mais qu’il finirait sans doute par aller dans la mer. Je me suis dit qu’il serait très intéressant de travailler sur les déchets et les hommes. À partir du moment où j’ai pris cette décision, j’ai commencé à me rendre compte de la quantité phénoménale de déchets que l’on pouvait trouver dans les lieux les plus improbables et à quel point les personnes qui travaillaient à les gérer étaient mal considérées. En repensant à mon sac volant dans la rue, j’ai monté une nature morte en triangle de cartons Amazon, qui vomissent leurs emballages en plastique décorés d’un logo de recyclage pour le moins mensonger. Puis le verre de table, non recyclable, dont les éclats sur la table lumineuse forment comme une surface aqueuse rappelant la mer dans laquelle tous ces déchets risquent de finir.

Naturellement, le choix du travail d’architecture s’est porté sur une usine de traitement et de revalorisation des déchets, dont l’accès a été étonnamment facile et la visite commentée très intéressante et enrichissante. L’aspect naturel des façades extérieures, plaquées de bois et de végétation, parlait lui aussi du masque écologique posé sur la réalité de certains déchets qu’on va enterrer parce qu’on ne sait pas les recycler. La réalisation des portraits de Mustapha, éboueur dans Paris, m’a beaucoup émue. Cet homme était très surpris que je m’intéresse à lui et à son travail, et son sourire sincère m’a profondément touchée. La séance de prises de vue a dû être réalisée très vite, alors même qu’il continuait à travailler, car tout le monde s’impatientait autour de nous : ses collègues, les conducteurs pressés, les piétons qui râlaient d’être obligés de faire un détour à cause des grosses poubelles sur le trottoir – qu’ils remplissent pourtant tous chaque jour en trouvant cela tout à fait normal qu’elles disparaissent de leur vue. Enfin, le reportage dans les cimetières parisiens du Montparnasse et du Père Lachaise m’a appris qu’aucun lieu n’est épargné par les déchets, et que ces derniers marquent partout la trace de notre passage. L’ironie de les trouver dans ces lieux particuliers m’a beaucoup amusée, d’autant plus par leur variété et l’incongruité de certains déchets qui contrastent avec le caractère solennel de notre gestion de la mort humaine. »

©Hélène Villet

 

Lydia Evéquoz – La mer de plastique en Espagne

« Le littoral de Cabo de Gata-Nijar m’a captivée par sa beauté sauvage lorsque je voyageais le long de la côte espagnole. J’ai passé une année à explorer ces terres volcaniques et à tisser des liens intimes avec ses habitants, si bien que je m’y suis sentie à la maison. Même la triste réalité de la « mer de plastique », ma voisine, était devenue familière. Mon sujet prend sa source dans l’attachement que j’ai développé pour cet endroit et dans la conviction que chaque geste en faveur de la préservation des écosystèmes compte. Avec cette série, je raconte une histoire qui nous emmène en reportage au cœur des plaines du poniente almeriense. On y découvre cette vaste zone, visible depuis l’espace, qui sert de garde-manger pour le continent entier. Le modèle agro-industriel exploitant les ressources environnementales et humaines est poussé à son paroxysme. Dans ce paysage lunaire, je collecte des déchets plastiques pour composer des natures mortes à l’esthétique douce et minimaliste. Baignées par la lumière chaude de l’été andalou, ces images abordent la question plus sombre de la dégradation des résidus exposés au soleil et battus par les vents. Quel impact cela a-t-il réellement sur le sol et sur les produits cultivés ? Je ressens le besoin de m’éloigner de cette réalité asphyxiante pour m’accorder une pause méditative. Huebro, une oasis surplombant la plaine, m’offre son hospitalité. Là, je sympathise avec un permaculteur qui perpétue les pratiques d’irrigation traditionnelles. Humblement, il m’offre un aperçu de son mode de vie. Ses portraits donnent un visage à une agriculture plus humaine, plus juste et plus en harmonie avec l’environnement naturel. Je retrouve mon souffle. Ce voyage touche à sa fin et je commence à comprendre. La photographie est devenue l’outil qui m’a permis d’explorer cette thématique saisissante et de faire des rencontres fascinantes, les images, elles, le moyen d’exprimer mes émotions. Finalement, réunies en série, elles deviennent un récit visuel que je vous partage avec plaisir aujourd’hui. »

©Lydia Evéquoz